À propos de l’œuvre

Le concept de Fractale, qui s’emploie sous forme d’adjectif ou de nom féminin, nous vient des mathématiques et a pour définition :
« Qui représente des formes découpées, fragmentaires, laissant apparaître des motifs similaires à des échelles d'observation de plus en plus fines (ex. flocons de neige, éponges, brocoli romanesco…). »
  

Ces formes simples où se rejoignent l’ordre naturel et celui de l’esprit se rencontrent partout de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Des formes les plus naturelles, aux formes architecturales les plus complexes. Le tout étant organisé autour du cercle et du carré.
  


Dans un premier temps, ces tableaux étaient purement abstraits, l’auteur se laissant porter par les différents pinceaux numériques et son inspiration du moment.
Une esthétique décorative se dégage de cet agencement et une poésie qu’on pourrait dire spatiale, car l’agencement géométrique crée une intensité picturale spontanément productrice de formes colorées et rythmées.
  


Dans un second temps, l’expérience aidant, Rodella se mit à créer des motifs de plus en plus centrés, alliant le statique au dynamique comme on le voit ci-dessous dans sa série «Design».
  
   
La répétition d’un détail et sa répartition symétrique donne une dynamique visuelle qui fait converger le regard vers le centre, le fascinant. Et à la fois mille détails… ramène à explorer l’espace propre du tableau. Chacun y pouvant projeter son imaginaire à l’instar du fameux test de Rorschach basé, lui, sur une symétrie axiale.

 

 

Depuis peu l’artiste s’est mis à photographier le patrimoine architectural. Dans un soucis de mis en valeur de sa chère Bourgogne. Son riche héritage de vieilles pierres inspirant sa créativité.

C’est ainsi que certains de ses tableaux numériques, héritiers d'une tradition artistique ancienne lorsqu’il s’inspire de l’architecture ou des œuvres d’art, présentent une esthétique contemporaine qui renouvelle notre regard sur l’art passé.
Comme une invitation à redécouvrir les beautés classiques, si pleine d’ordre et d’harmonie, au travers d’une grille de déchiffrement esthétique qui s’applique comme un modèle mathématique.

 

Dans cette fractale (ci-dessus) sur le thème de Vitteaux, on y reconnaît les corbeaux du XVIème de l’hôtel Ferrand ainsi qu’une chapelle de l’église et son christ en croix. D’autres ont vu le jour sur Dijon et l’hôtel particulier de Vogüé, mais aussi Vezelay, l’abbaye de Fontenay ou l’église de Saint-Thibault (voir ci-dessous). 


Pour découvrir l’espèce d’ordre caché des fractales de l’auteur, il convient de préciser pourquoi ils exercent, quelque soit le thème, une telle attraction esthétique. Car ces tableaux pourraient avoir quelque chose de trop « mécanique » ou lassant par leur symétrie systématique.  


Mais reste pourtant que le mystère opère et selon notre sensibilité, les goûts et les couleurs ne se discutant pas, certains nous semblent tout simplement… « beaux ».
Comme une évidence. 
Parlant aussi bien à l’esprit qu’à notre cœur, aussi bien à notre regard qu’à nos sensations.  

 
Pour saisir cette évidence du beau, il nous faut encore revenir à Jung. Et plus précisément à cette quaternité :
- Pensée
- Sensation
- Sentiment
- Intuition
qu’il définit comme représentant les quatre pôles de la conscience.
En fait, pour en revenir aux fractales, c’est qu’elle « parlent » aussi bien à la Pensée, qu’à la Sensation, aussi bien aux Sentiments qu’à l’Intuition.
Ils sont de l’ordre de la Pensée par leur construction géométrique et répétitive.
De l’ordre de la Sensation par leur effet hypnotique qu’ils exercent sur le regard.
De l’ordre du Sentiment par leur harmonie colorée et leur esthétique maîtrisée.
Et de l’ordre de l’Intuition par leur analogie avec l’ordre naturel car où que nous posions nos yeux, le cercle et le carré, le centre et ses quatre directions nous sont imposés.
Fort de cette analyse et du rapprochement avec l’œuvre de Jung et sa psychologie analytique, on peut en conclure que l’art des fractales de Rodella transcende la simple expression visuelle pour atteindre des dimensions psychologiques sûrement plus profondes, comme des fenêtres ouvertes sur l’âme.
Leur beauté formelle invitant les spectateurs à une méditation visuelle, leur permettant d’explorer, dans une expérience esthétique sans cesse renouvelée, les recoins de leur propre psyché.